Visite de Nicolas Sarkozy : les bonnes affaires de la France au Maroc

« Quitte à délocaliser, il vaut mieux le faire au Maroc plutôt qu’en Chine ! ». La sentence est de Christine Lagarde, ministre de l’Economie et des Finances, qui s’exprimait à l’ouverture de la rencontre économique franco-marocaine à Marrakech, au denier jour de la visite d’Etat du président Nicolas Sarkozy. « La clé de voûte repose sur la complémentarité de nos économies. Nous apportons des investissements, de la technologie. Vous apportez une main d’oeuvre qualifiée (…) Le projet du groupe Renault-Nissan illustre bien ce partage de tâches », a t-elle ajouté. Et de rappeler que la France est numéro un au Maroc, pour les échanges commerciaux, pour les investissements directs étrangers avec des flux d’environ 1 milliard d’euros par an en moyenne, pour l’aide bilatérale avec 200 millions d’euros en 2006; numéro un également pour le nombre d’arrivées touristiques. Numéro un. Et il s’agit de le rester.

Dans une ultime allocution avant de reprendre l’avion, devant un parterre de patrons acquis, Nicolas Sarkozy ne s’est pas gêné pour tancer les chefs d’entreprises françaises, les exhortant à plus de combativité sur un marché où sévissent Américains et Espagnols. « Nous n’avons aucun droit acquis ici (…) Nous gagnerons parce que nous sommes les meilleurs et que nous voulons être les meilleurs», a t-il lancé. Le président français, qui est apparu épuisé, s’est agacé des échos incessants autour de l’échec du Rafale, reconnaissant la part de responsabilité de la France, mais soulignant aussi le rôle politique de cette même France dans le succès du TGV.

Alors exit le Rafale et « vivas » de rigueur pour le TGV d’Alstom. De cette première visite d’Etat, la France sort renforcée. A la clé, pas moins de 3 milliards d’euros de contrats civils et militaires, dans les domaines du transport, de la justice, de la sécurité sociale, des mines et de l’équipement.

Le train à grande vitesse, c’est l’aboutissement d’un projet qui mûrit depuis 2004, pour relier Tanger à Casablanca, en 2h10 contre 5 heures aujourd’hui. Le chantier d’environ 2 milliards d’euros sera réalisé pour moitié par les entreprises françaises Alstom, la SNCF et Réseau Ferré de France, pour le matériel roulant et l’équipement de la voie. Alstom, dont le PDG, Patrick Kron, faisait partie du voyage, sera chargé de livrer 18 rames de trains à très grande vitesse à deux niveaux (Duplex). Le premier tronçon de 200 km entre Tanger et Kenitra devant être opérationnel dès 2013.

Autre succès : le nucléaire civil pour lequel la France et le Maroc ont convenu de coopérer. Les Marocains souhaiteraient notamment la construction d’une centrale nucléaire dans la région de Marrakech. Anne Lauvergeon, présidente du groupe nucléaire français Areva, a signé un protocole avec l’Office chérifien des phosphates (OCP) pour une coopération en matière d’extraction de l’uranium à partir de l’acide phosphatique.

Dans le secteur de la défense, à défaut de l’avion de combat de Dassault, source de crispations entre Rabat et Paris, le Maroc a annoncé l’achat d’une Frégate européenne multi-missions (Fremm) destinée à la marine marocaine, pour un montant de 500 millions d’euros.

L’agenda franco-marocain est bien rempli. Lors de cette rencontre économique à Marrakech, Laurence Parisot, présidente du Medef, a voulu aller encore plus loin, annonçant que son organisation et la CGEM, patronat marocain, avaient décidé d’inviter en France l’ensemble des instances patronales des divers pays européens pour une rencontre dédiée au Maroc, au cours du second trimestre 2008. Donner à l’Europe l’envie du Maroc. Ce Maroc qui plaide aujourd’hui pour un « statut avancé » au sein de l’Union.

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