Informatique: les PME résistent à la concurrence
Jeune Afrique
Première conséquence de l’offshoring, stratégie de développement qui cherche à attirer au Maroc les majors du monde informatique, comme Atos Origin, Cap Gemini ou Logica, les SSII marocaines voient la concurrence se durcir.
« Des sociétés comme Tata, Atos ou Sofrecom, qui bénéficient d’avantages fiscaux liés à leur statut de compagnies offshore, certaines taxes pouvant être deux fois moindres, grignotent aussi des parts du marché local, ce qui nous inquiète grandement », indique Brahim Benlahmr, président de Brams Technologies.
Créée en 2000, son entreprise comptera 50 collaborateurs fin 2008, pour un chiffre d’affaires de 40 millions de dirhams (DH, soit 3,6 millions d’euros). Spécialisée dans le conseil technologique, le développement, l’intégration et l’externalisation de solutions, Brams joue la carte du service et de l’accompagnement pour fidéliser ses quelque 80 clients, et développe une expertise métier en direction des banques, des centres d’appel, de l’administration, notamment. « Nous sommes sur un marché particulier, sur de petits projets inférieurs à 10 millions de dirhams », explique Jamal Benhamou, directeur général de Brams.
Au Maroc, on dénombre 1 500 opérateurs, toutes nationalités confondues, dans le secteur des TIC (SSII, offshoring, télécommunications). Les SSII marocaines seraient entre 200 et 300, dont les plus grandes sont GFI, CBI, M2M, Omnidata-Cap’Info. Leur point commun : avoir su développer une expertise dans un domaine particulier, comme la monétique pour HPS (Hightech Payment Systems), l’une des sociétés leader dans le secteur.
Les dirigeants de HPS, qui ont pris le train de la monétique à son démarrage dans les années 1980, ont développé un savoir-faire local avant de se vendre à l’international. Aujourd’hui, HPS exporte ses solutions dans 51 pays du globe, soit 80% de son chiffre d’affaires à l’étranger (150 millions de dirhams de CA total en 2007). Numéro un en Afrique, HPS est très présente dans les pays du Golfe, mais également en Europe et en Amérique du Nord. La société prévoit de porter son effectif à 220 personnes d’ici la fin de l’année.
Sur les marchés de niche, la SSII Percall, d’origine lyonnaise, qui a bâti son développement à partir du Maroc, a trouvé une ouverture entre les sociétés informatiques pures et les centres d’appels : le support technique multilingue et le développement de logiciels, qu’elle réalise à partir du Maroc, depuis 2003, pour les clients européens de grands comptes, tels Microsoft ou les éditeurs américains, Sun Microsystems et Parametric Technology PTC. Le petit plus : couvrir les six langues européennes majeures, en recrutant les profils parmi la diaspora marocaine.
Se distinguer à tout prix, c’est un peu le leitmotiv de Brams qui, pour sa part, vise l’international. La société ambitionne de réaliser plus de la moitié de son chiffre d’affaires à l’étranger en 2012. D’ores et déjà, Brams a ouvert des bureaux en France, en Suisse, au Canada et en Algérie, pays voisin qui a sa faveur. « La stratégie de régionalisation de nombreuses entreprises basées au Maroc, et nous pour les accompagner, plaide en ce sens », indique Brahim Benlahmr.
Un marché de taille encore restreint
En 2007, le marché marocain des TIC pesait 40,3 milliards de dirhams (3,6 milliards d’euros) en 2007, dont 5,7 milliards pour l’industrie informatique, le reste étant du domaine des télécommunications. Les activités liées à l’offshoring étaient estimées à 1,2 milliard de DH. Pour l’avenir, Mohamed Horani, PDG de HPS et président de l’Association des professionnels de technologies de l’information (Apebi), revendique un positionnement opportuniste. « Sur des technologies récentes, avec éventuellement deux à cinq ans de décalage, les sociétés marocaines sont capables d’une forte expertise. Elles l’ont démontré pour la monétique et ses applications, comme le transfert d’argent et le paiement par téléphone mobile. Elles doivent explorer de nouveaux domaines, tels la biométrie et le e-governement. »