Les paris fous de Sol Kerzner

African Business

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Dernier né du groupe sud-africain Kerzner, la station balnéaire de Mazagan au Maroc ouvre ses portes. Dans la veine des resorts luxueux et démesurés du groupe à travers le monde, Mazagan table sur 4 millions de visiteurs par an. La légende Sol Kerzner continue.

A 74 ans, Sol Kerzner, le Donald Trump d’Afrique du Sud, l’une des plus grosses fortunes de la planète, inventeur du « resort », n’a rien perdu de son audace. Son nouveau pari : attirer près de 4 millions de visiteurs par an à Mazagan Beach Resort, à El Jadida, situé à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Casablanca. L’ouverture de la station balnéaire est prévue en octobre.

Pour créer de toutes pièces cette nouvelle destination, auréolée d’un hôtel 5 étoiles, d’un golf de 18 trous, de 8 restaurants, d’un centre de conférences, d’un spa, d’un night club, de villas résidentielles et d’un casino, le groupe Kerzner n’a pas lésiné sur les moyens. Au total, 3,1 milliards de DH (environ 300 millions d’euros) ont été déboursés pour l’aménagement sur 250 hectares de la première phase du projet. Aux côtés de Kerzner International, les actionnaires CDG Développement, la Somed et Mamda/MCMA se sont engagés. Le promoteur sud-africain prévoit même d’être bénéficiaire dès la première année d’exploitation, tablant sur 1,35 milliard de DH de chiffre d’affaires. Sa carte maitresse : une licence de casino exclusive dans un rayon de 200 kilomètres, qui devrait attirer les noctambules et nombreux joueurs de Casablanca. Et la condition express de sa venue au Maroc.

Mazagan ? Du luxe abordable, avec des chambres comprises entre 1 500 et 6 000 DH, pour séduire une clientèle marocaine et française d’abord, mais également européenne et issue du Moyen Orient. Près de 1 200 personnes ont été recrutées et formées à la « luxe attitude ». « Nous avons déjà investi 12 millions de dirhams dans la formation. Pour l’année prochaine, 30 millions sont déjà prévus », indique Marie-Béatrice Lallemand, PDG de Mazagan. Selon elle, la crise ne devrait pas affecter la destination, qui pourrait au contraire bénéficier du choix de séjours loisirs et séminaires, moins lointains.

Fantasque, Sol Kerzner ? Plus qu’il n’y parait, lui qui reçoit le plus simplement du monde, en short et chemisette. A son actif : des hôtels de luxe pharaoniques, des casinos à travers le monde, des parcs aquatiques gigantesques, des golfs signés Gary Player (lui aussi natif de Johannesburg), des vedettes planétaires conviées à des fêtes folles. Un univers glamour et aussi un sens professionnel avéré, une redoutable machine dans l’industrie du tourisme.

« Je suis tombée amoureuse du projet et du site. Il existe peu de projets de cette taille là au monde en ce moment, du moins à trois heures de Paris (…) Tous, on rêve un jour de travailler pour Sol Kerzner », confie Marie-Béatrice Lallemand, ancien directeur du groupe hôtelier Concorde à Paris (Le Lutécia, le Crillon, l’Hôtel Martinez).

Sol Kerzner, la légende

Né en 1935 dans un quartier pauvre de Johannesburg, Solomon Kerzner est le benjamin d’une famille de quatre enfants d’immigrés russes. Pendant de nombreuses années, ses parents sont épiciers, ils se tuent à la tâche. Puis, ils rachètent un petit hôtel et migrent à Durban. A 25 ans, diplômé en comptabilité à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg, Sol Kerzner rejoint  l’une des plus grosses sociétés de Durban, où il est nommé associé junior.

Profitant de l’absence de ses parents, la légende raconte qu’il aurait revendu l’hôtel familial et racheté un vieil établissement sur la plage déserte d’Umhlanga Rocks. Il a 29 ans et vient de réaliser son premier coup. Avec le soutien d’investisseurs, anciens clients, il fait construire le Beverly Hills et créé le premier 5 étoiles d’Afrique du Sud. Il invente ici le concept de resort qui intègre hôtel et loisirs.

Quelques années plus tard, en 1977, il créé Sun City (surnommée rapidement Sin City, la ville du péché) dans un ancien bantoustan semi-désertique, à deux heures de Johannesburg. Spectaculaire, le resort, inspiré du thème des mines du roi Salomon, comprend 4 hôtels, un lac et une forêt tropicale artificiels, deux parcours de golf et surtout un casino, à une époque où les jeux d’argent sont interdits par le régime d’apartheid.

L’Afrique du Sud, Sol Kerzner y est revenu cette année, 17 ans après avoir vendu ces actifs dans Sun City, en inaugurant en avril, au Cap, un hôtel de sa marque One & Only, le nec plus ultra à raison de 500 euros minimum la nuit.

Entre temps, Kerzner n’a pas chômé. En 1994, il met le cap sur les Bahamas et fait de l’Atlantis Paradise Island, sur le thème de l’Atlantide, l’un des resorts de luxe les plus gigantesques au monde. L’Atlantis compte près de 3 000 chambres, le plus grand parc marin de la planète, une marina pour yachts de luxe, un casino et un golf. En 2008, il remet ça, à Dubaï cette fois. Construit sur une île artificielle pour 1,5 milliard de dollars, l’Atlantis The Palm comprend plus de 1 500 chambres et un parc aquatique.

Dans les tuyaux: le lancement de deux établissements One & Only à Zanzibar et au Costa Rica. Mazagan, surtout, devra faire ses preuves. Sol Kerzner ambitionne déjà de développer les deux autres tranches du projet et d’exporter le concept.

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