Samsung dénoncé pour ses pratiques sociales en Chine
Planet Labor
En décembre, l’un des fournisseurs de Samsung en Chine a été épinglé pour les conditions de travail imposées aux ouvriers. Ce n’est pas la première fois qu’un sous traitant du groupe sud-coréen est mis à l’index. Samsung se défend et promet d’envoyer ses propres enquêteurs. En France, une enquête préliminaire est ouverte depuis plusieurs mois pour communication mensongère.
Dans un rapport publié le 5 décembre, l’organisation China Labor Watch basée à New York dénonçait une nouvelle fois les conditions de travail imposées aux ouvriers chez l’un des fournisseurs majeurs de Samsung en Chine : la société Samkwang Science & Technology, une unité qui emploie plus de 5 000 personnes. Samsung est le leader mondial des smartphones. Pour les besoins de l’enquête, l’un des membres de l’association est allé travailler « infiltré » deux semaines sur le site de Samkwang, dans la province de Guangdong, dans le Sud-Est de la Chine.
Au final, l’enquêteur a relevé pas moins de 23 violations et infractions légales. Dans son rapport, il estime ainsi à plus d’un million de dollars par an le non paiement des heures supplémentaires. Il dénonce des cadences effrénées : quatre seconde pour assembler une coque de téléphone portable, et des journées harassantes de 10-12 heures Le rapport dénonce également les insultes et les humiliations quotidiennes, les amendes données aux ouvriers, les punitions, les mesures de sécurité insuffisantes, l’absence de syndicat, etc.
Le groupe sud-coréen a réagi en affirmant qu’il allait « vérifier les allégations du rapport et prendre les mesures correctives nécessaires ». « Les audits sont réalisés par un cabinet indépendant. Des mesures ont déjà été prises il y a quelques mois chez ce même sous-traitant. Nous allons envoyer de nouveau des enquêteurs sur place », indique le service de communication de Samsung à Paris, qui tient à rappeler que « 90% des composants sont fabriqués par des usines directement gérées par Samsung. La sous-traitance ne représente que 10% de la production ». Sur son site internet, Samsung se présente comme une entreprise citoyenne mondiale et une entreprise éthique.
En septembre 2012, China Labor Watch avait déjà dénoncé dans un rapport les terribles conditions de travail des ouvriers dans huit usines sous-traitantes du groupe Samsung en Chine (travail forcé, travail des enfants, heures supplémentaires excessives non rémunérées, etc.). Un rapport qui a conduit les associations Peuples Solidaires, Sherpa et Indecosa-CGT à déposer plainte auprès du parquet de Bobigny contre Samsung France, afin de faire reconnaître que les engagements éthiques de la marque constituent une publicité de nature à induire les consommateurs français en erreur sur les conditions sociales de fabrication des produits qu’elle commercialise. Une enquête préliminaire a été ouverte en juillet 2013. Des membres de l’organisation China Labor Watch devraient être auditionnés par les services enquêteurs dans le courant du premier trimestre 2014.
« Samsung prétend s’assurer du respect des droits des ouvriers qui fabriquent ses produits en s’imposant un code de bonne conduite et des règles éthiques strictes, mais ferme les yeux sur les conditions de travail indignes qui prévalent dans les usines chinoises qui fabriquent pour son compte », dénonce Peuples Solidaires. C’est la première enquête du genre menée en Europe.