Aide au développement et migration : L’Union européenne tance vertement les pays membres
Econostrum
« Il est scandaleux que de nombreux pays membres aient corrigé vers le bas l’aide au développement. Nous sommes tous dans le même bateau. Notre engagement dans le monde ne relève pas d’un exercice de charité. Nous devons refuser un monde bipolaire, qui est facteur d’instabilité et de menaces », a déclaré Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, lors de la cérémonie d’ouverture des Journées européennes du développement, le 3 juin 2015 à Bruxelles.
Pendant deux jours, ce « Davos du développement » réunit près de 5 000 participants pour réfléchir et trouver des solutions aux problèmes les plus pressants de la planète. L’année 2015 est une année décisive pour le développement avec en toile de fonds, trois grands rendez vous : la conférence sur le financement du développement d’Addis Abeba en juillet, l’adoption des nouveaux objectifs du développement par les Nations unies à l’automne et la COP 21 sur le climat à Paris en décembre.
Si l’Europe demeure le plus gros pourvoyeur d’aide publique au développement (APD) dans le monde, 58 mrds€ en 2014, soit 55% de l’aide globale, nombre de pays membres ont révisé à la baisse leurs budgets pour l’aide et la coopération, en raison des contraintes budgétaires et de la crise de la dette. Seuls quatre pays européens respectent l’objectif de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement. Dans le monde, près d’un milliard de personnes vivent avec moins d’1,25 $ par jour.
« La politique de coopération n’est pas un luxe »
« Nous devons cesser de diminuer l’APD. Ce n’est pas un secret. Le Parlement européen est très en colère, fâché, de voir que l’aide internationale a fait l’objet de coupes claires dans son budget. Cela entame la crédibilité du Parlement », a pointé Martin Schulz, président du Parlement européen. Sur la question migratoire, le président du Parlement s’est montré tout aussi virulent : « Jamais depuis la seconde guerre mondiale, il n’y a eu un tel flux de réfugiés dans le monde. Ces réfugiés trouvent accueil d’abord dans les pays en développement. La Jordanie, petit pays, accueille près d’un million de réfugiés syriens. Si l’on compare le nombre de réfugiés dans les pays en développement par rapport aux pays européens, j’ai honte. C’est tout à fait disproportionné. »
De son côté, le premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a demandé aux Etats-membres de se ressaisir : « En temps de crise le premier réflexe qu’auront certains populistes sera de couper dans les budgets de coopération (…) Je leur dirai de voir à quels niveaux ils se plaignent. Nous, nous avons à faire des choix de luxe. Ici ,on se plaint de manger froid. Là bas, ils n’ont même pas à manger. Qu’ils aillent voir ce qu’il se passe ailleurs. La politique de coopération n’est pas un luxe. Ce qu’il se passe ces derniers temps me choque. Des gens quittent leurs pays car ils fuient la guerre. Que ces responsables politiques qui refusent les quotas retrouvent la dignité. Je demande à chacun de prendre ses responsabilités. »