COP21 : Helen Clark s’exprime sur la transition climatique

Le Point

 

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L’administratrice du PNUD, Helen Clark, 15 mars 2015.  © AFP PHOTO / TOSHIFUMI KITAMURA

Le Point Afrique : Il y a un écart aujourd’hui entre les financements disponibles et les financements requis pour aider les économies en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Le Fonds Vert, notamment, est abondé à hauteur de 10 milliards de dollars, loin de la promesse d’atteindre 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Dans ce contexte, quelles sont les pistes réalistes pour financer la transition climatique en Afrique ?

Helen Clark : En premier lieu, bien sûr, il y a besoin de plus de financements publics pour le climat. Et pour que la COP21 en décembre à Paris soit un succès, il faudra davantage d’engagements. Lorsqu’on parle de 100 milliards de dollars par an pour le Fonds climatique vert de Copenhague, il ne s’agit pas seulement de finances publiques, mais d’un mélange de ressources apportées par les banques multilatérales et le privé qui prête et investit dans les infrastructures durables et la transition climatique. Les institutions multilatérales, qu’il s’agisse de la Banque mondiale ou des banques de développement régionales, travaillent vraiment très dur pour mobiliser des fonds en faveur de la finance climat. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, pointe le fait que des sommes colossales sont dépensées dans le monde pour des subventions aux énergies fossiles. Il y a aujourd’hui un mouvement pour rediriger cet argent mal dépensé en faveur de la transition vers une économie sobre en carbone. Ce qui est une très bonne chose.

C’est en combinant les différentes sources de financement, publiques et privées, que l’on pourra atteindre les 100 milliards de dollars pour assurer la transition climatique, qui porte sur la réduction des gaz à effet de serre et l’adaptation. Reste que les pays les plus pauvres et les plus vulnérables ne veulent pas prendre à leur compte l’endettement pour s’adapter au changement climatique et donc les financements publics sont pour eux très importants. Et je pense aussi que les pays les plus pauvres ont besoin de financements publics pour l’adaptation.

Que peut apporter la fiscalité ? Lors de la Conférence sur le financement du développement d’Addis-Abeba en juillet dernier, les pays en développement sont repartis déçus par le manque d’accord trouvé sur une réforme de la fiscalité internationale. Quelles réformes doivent être engagées et dans quel cadre ?

Outre les financements publics, pour réussir une transition sobre en carbone et parvenir à une croissance inclusive en Afrique, on doit aussi aider les pays africains à mobiliser des ressources financières domestiques et à accroître leur capacité à attirer les investissements, collecter les impôts, diriger ces fonds vers les secteurs clés. La finance pour le développement durable est un parapluie large qui couvre l’environnement, le financement de la transition climatique, le financement du développement. Et il s’agit de faire appel à toutes les sources possibles de financement, car nous ne parlons pas de petites sommes d’argent, mais d’investissements énormes destinés à transformer les économies. La réforme de la fiscalité internationale a été l’une des questions majeures de la conférence d’Addis-Abeba. Des discussions sont engagées par le G7, le G20 et l’OCDE sur ce point. Mais de nombreux pays ne sont pas membres de ces organisations. Elles font du bon travail, mais il serait important pour elles d’élargir aux pays pauvres dont la voix manque sur cette question de la fiscalité internationale. Je pense que le renforcement du comité d’experts des Nations unies sur la coopération internationale en matière fiscale est évidemment important, et il aura des interactions plus régulières avec le Conseil économique et social (ECOSOC). J’espère maintenant que ce comité pourra interagir avec les autres organes internationaux, non onusiens, tous aussi concernés par les problématiques financières, que sont le G7, le G20, l’OCDE.

La question de l’alimentation est un enjeu crucial face au changement climatique. Cette question doit-elle figurer dans l’accord final de la COP21 ? Certains gros producteurs agricoles comme le Brésil et les États-Unis sont réticents à cette idée.

Je n’ai pas d’opinion quant à savoir si cette question doit figurer ou pas dans l’accord final de la COP21. Mais ce que je sais, c’est que la sécurité alimentaire est très connectée au changement climatique frappant que nous connaissons. L’adaptation des paysans à un climat beaucoup plus erratique est déjà en marche. Les fonds publics sont mobilisés pour aider les petits paysans à s’adapter à la sécheresse, à faire face aux inondations souvent liées à la déforestation, à produire de la nourriture dans des zones critiques, à faire face à la dégradation des sols… Les financements climatiques pour l’adaptation sont très liés à la sécurité alimentaire. Il est difficile de séparer les sujets. Lors de la conférence d’Addis-Abeba, les questions agricoles et de nutrition ont été désignées comme prioritaires.

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