Sécurité alimentaire: le Parlement européen critique la Nouvelle Alliance
Le Point Afrique
Marché d’Abobo, à Abidjan. © AFP/Issouf Sanogo
L’institution européenne dénonce, dans un rapport adopté le 7 juin, les travers du programme du G8 en faveur de la sécurité alimentaire en Afrique.
« Le soutien aux exploitations familiales et aux petits producteurs est le meilleur moyen de combattre la faim dans de nombreuses régions d’Afrique. Cependant, la maigre aide au développement de l’Union européenne va à la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (Nasan), qui sape la production alimentaire durable, locale et à taille humaine. De récentes études ont révélé des cas d’accaparement des terres par des compagnies privées, cofinancées indirectement par l’UE. Si la Nouvelle alliance ne remédie pas aux problèmes graves que nous observons, l’UE devra retirer son soutien à cette initiative » a averti la rapporteure allemande Maria Heubuch (Verts).
La Nasan en bref
Lancée en 2012, la NASAN vise à améliorer la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne et à sortir 50 millions de personnes de la pauvreté d’ici 2020, en misant sur les investissements de grandes sociétés privées et sur l’agriculture intensive. Au total 9 milliards d’euros d’investissements sont attendus, répartis à moitié entre les états membres du G8 et les entreprises. En retour, les Etats africains sont tenus de modifier leur législation sur les terres, les semences et les investissements étrangers.
Outre le G8, la NASAN regroupe l’Union africaine, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), les gouvernements de dix pays africains * et plus de 200 entreprises.
De sérieuses mises en garde
Accaparement de terres, non respect des droits humains et fonciers, risques de dépendance à l’égard des semences certifiées (OGM et hybrides) et des produits phytosanitaires fabriqués par des sociétés étrangères, diminution de la biodiversité, abus de position dominante de grandes sociétés : les critiques et mises en garde formulées par les eurodéputés dans le rapport sont nombreuses.
Les parlementaires européens ont mis en garde contre « le risque qu’il y aurait à reproduire en Afrique le modèle asiatique de révolution verte des années 60 en ignorant les répercussions sociales et environnementales ».
Ils ont par ailleurs appelé à un arrêt du soutien aux OGM dans le cadre des partenariats public-privé.
Le Parlement rejoint l’opinion de la société civile
« L’adoption de ce rapport par le Parlement est une très bonne nouvelle. Car c’est la première fois qu’un organe institutionnel vient acter ce que des centaines d’organisations de la société civile pointent du doigt depuis quatre ans. On espère aujourd’hui que les Etats membres du G7 comme l’Union européenne et la France vont réellement s’attaquer aux déficiences mises à l’index par les parlementaires européens. Ou alors prendre acte que cette Nouvelle alliance n’est pas réformable et décider de quitter l’initiative », indique Maureen Jorand, chargée de mission plaidoyer Souveraineté alimentaire CCFD-Terre Solidaire.
Le rôle important de la France
La France est le troisième contributeur de l’initiative en termes d’engagements publics, à hauteur de 700 millions d’euros. Elle coordonne par ailleurs le programme de l’Alliance au Burkina Faso.
« La France est un acteur clé. Dès le début, elle a fait savoir qu’elle était en désaccord avec une partie des orientations, notamment sur le focus donné aux multinationales de l’agroalimentaire, sur les lacunes en termes de transparence et de gouvernance et sur les risques fonciers que pouvaient faire courir certains investissements. En 2012, elle a annoncé vouloir mettre en place une stratégie d’influence à l’intérieur de la Nouvelle alliance pour la réorienter. Mais force est de constater que c’est un échec », relève Maureen Jorand du CCFD-Terre Solidaire.
Les ONG pointent l’opacité des investissements réalisés par les entreprises privées et le travail de lobbying pour affaiblir les cadres réglementaires, les législations fiscales et foncières. Elles appellent aujourd’hui à une évaluation globale et indépendante de cette initiative.
* Les dix pays africains membres de la NASAN sont le Nigeria, le Ghana, le Bénin, le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Ethiopie, le Malawi, le Mozambique et la Tanzanie.
Mais pourquoi l’Afrique va-t-elle toujours quémander de l’aide aux autres nation? Ne peut elle pas se développer à son rythme, dans un processus d’auto – détermination ? Comprendra-t-elle un jour que la richesse de l’occident tient à l’esclavage d’une partie du monde. Arrêtons de prendre la Chine comme exemple ! Le peuple chinois est en esclavage, bien que leur pays est en plein développement. L’afrique veut elle ce genre de développement? Kujichagulia!
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